mardi 7 juillet 2015

Dure journée, étape difficile pour des paysages fabuleux, des éléphants et des fraises

Après la sympathique soirée de la veille et son bain de nocturne dans la piscine, accompagné de grandes chauves-souris qui viennent se désaltérer en vol, j'ai pris la route pour continuer la montée   vers Samoeng. La patronne de l'hôtel me rassure au départ, ça monte moins fort là bas, vous avez fait le plus dur hier. Mais oui bien sûr, ce n'est pas la première fois que l'on me la fait celle là! Certes le profil semble montrer quelques moments moins raides mais la dénivelée restante étant élevée ce n'est que pour que les portions ascendantes le soient encore plus. Je ne crois donc absolument pas à cette information. Et je pars à tout petit rythme. La route s'élève dans une vallée où se tiennent quelques villages peuplés de cultivateur d'opium reconvertis en cultures horticoles et maraîchères. C'est avec grand étonnement que je vois régulièrement des panneaux publicitaires pour des fraises sur les bords de route. Je n'en achète pas, je carbure aux fruits locaux. 


Les villages semblent en plein développement, agricoles et touristiques, de nombreux chantiers sont en court, de grosses résidences et des hôtels, ainsi que quelques projets fermiers. Les "pompes" à essence elles datent d'un autre temps, d'un temps en deux temps probablement. 


Et effectivement comme je le soupçonnais, il y a des moments d'accalmies dans les pentes, les traversées des villages sont presque plates et permettent de récupérer un peu, puis les pentes s'accentuent sévèrement entre les cultures en terrasse et leurs barrières anti-érosion.


La végétation change aussi, autour des 900m on voit apparaître les premiers conifères entre les feuillus et les cultures. 


La forêt est vraiment magnifique, les paysages fabuleux, même si quelques "spot" de pluie au loin me font un peu craindre pour mon après midi et la descente. 


J'entame une descente rapide et sèche vers Samoeng puis bifurque en direction de Chiang Mai. Selon la très géniale application "footpath" que j'utilise sur mon IPad, il reste deux portions montantes sérieuses. Courtes mais intenses. (Cette application que je conseille vivement à tous ceux qui pratiquent n'importe où dans le monde des sports routiers, on trace son parcours avec le doigt , l'application le dessine sur les routes et calcule profil et dénivellation. A essayer absolument, et fort pratique pour moi).

Effectivement la première se présente dès la sortie de Samoeng, je commence à fatiguer sérieusement. Les jambes se font lourdes, heureusement la pente n'est pas trop raide. J'ai tellement transpiré que la sueur a coulé sur mes jambes et remplis mes chaussures. A chaque coup de pédale je vois de l'eau sortir par la toile de celles-ci. J'avance doucement, les ressources sont de moins en moins dans les jambes, plus le temps passe, plus c'est la tète qui fait avancer le vélo. Ouf, enfin le sommet! 

Au pied de la descente, je fais une longue pause, pour boire, pour tenter de manger un peu (pas facile de manger en journée par cette chaleur). Je regarde Footpath, je suis au pied de la dernière remontée, elle semble courte, à peine plus 2 km. Ca je devrais encore pouvoir faire, je démarre. 

Mais quel est le dingue qui a tracé cette route? Ce n'est pas humain de faire des pentes aussi raides 270m de dénivellation sur deux bornes, 13,5% de moyenne. Je n'en peux plus. Je descends du vélo, je le pousse, je maudis mes sacoches. C'est aussi dur en marchant qu'en pédalant, mes pulsations s'envolent autour de 150/minutes. A pied c'est trop dur, je remonte sur le vélo, à vélo aussi c'est trop dur. J'avance par petit coup de 200m. Et voilà la pluie, rafraîchissante, agréable, et le sommet qui approche. Enfin!!!  


J'entame une descente prudente, sur cette bonne route détrempée. Après quelques centaines de mètres, je croise un groupe de touristes en randonnée à dos d'éléphants. Ils font une pause à l'abris de la pluie. 



J'entends les explications du guide. Comment un éleveur peut il savoir si son éléphant a bu assez d'eau? Il prend un morceau de crottin frais en main, le comprime, si de l'eau en sort l'éléphant est assez hydraté. La réaction des touristes devant leur guide pétrissant un crottin est fort drôle et les thaïs s'en amusent encore plus que moi. Je reprends la route. 

La pente est majoritairement descendante, juste quelques très petits sursauts de montée à la sortie des villages, jamais plus de 200m, heureusement, les crampes arrivent, au mollets, aux cuisses. Je fais des étirements sur le vélo. Ca ne passe pas. Je décide de m'arrêter et de boire un jus des fuits frais. J'opte pour la banane qui devrait m'offrir les sels minéraux manquants, cause supposée de mes crampes. J'ai vu mieux, et je reprends la route. Demain, je me reposerai et je tenterai de trouver des compléments de des minéraux pour sportifs en pharmacie. Je transpire tellement que je pense que les équilibres ioniques ont pris un gros coup dans l'aile. 

Au pied de la descente, je rencontre un cycliste hollandais, installé plus ou moins définitivement ici, il porte le maillot du club cyclo de Chiang Mai. Nous suivons le bord d'une voie rapide en discutant. Je suis au bout de mes forces et pouvoir rouler avec quelqu'un qui donne un rythme raisonnable aide beaucoup. J'arrive à Chiang Mai vidé. Je dois me forcer pour aller prendre une douche et surtout manger un peu avant de m'écrouler sur mon lit. Je commence par un avocat fraîchement cueilli avec un peu de sel. C'est bon et ça fait un bien fou. 

S'en suit après ça une longue et bonne nuit et un jour de repos (de toute façon il pleut trop pour pédaler) ou peut être deux (il devrait pleuvoir autant demain). 

Probablement à vendredi sur les routes. 

 



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